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Avec Google Scholar, quel besoin des autres bases bibliographiques ? (1)

04/11/2008

Je pose là encore une question de formateur d’étudiants et chercheurs en bibliothèque universitaire : ils sont de plus en plus nombreux à utiliser Google Scholar, et à s’en satisfaire (c’est-à-dire à s’en contenter).

A partir de là, je me vois imposer un choix :

  1. Je continue à m’abonner aux bases bibliographiques payantes (Inspec, Web of Science, Pascal, etc.) et à professer le même discours sur les limites de Google Scholar :
    1. Pas d’indexation manuelle systématique (donc un sujet commun, comme le sida, doit faire l’objet de recherches répétées avec les mots alternatifs : Sida, Aids, VIH, HIV, immuno-déficience, etc.
    2. Google Scholar cherche à la fois dans des notices d’articles (métadonnées : titre, auteur, sujet, résumé) et dans du texte intégral, et retrie ça grosso modo par PageRank (les articles les plus cités en tête), si bien que si le mot « sida » apparaît dans une note de bas de page d’un article très cité, celui-ci apparaîtra avant un article très pertinent portant exclusivement sur le sida.
    3. etc.
  2. Je remets les choses complètement à plat, et je me demande, sincèrement, si l’achat de bases de données bibliographiques reste utile avec l’existence de cette base gratuite. En gros, je laisse une chance à Google Scholar de l’emporter.

C’est un risque, mais qui aboutira enfin à de vraies réponses, et pas aux réponses préconçues du bibliothécaire bien formé que je suis. Car avec mon premier discours, même si Google Scholar s’améliorait sans cesse et tenait compte de mes critiques, je sais que je trouverais toujours de nouvelles critiques, parce que mon discours s’appuie en réalité sur deux motivations premières :

  1. l’habitude d’utiliser des outils plus « professionnels » que Google (ces outils font d’ailleurs tout à présent pour ressembler de plus en plus à Google : cf. la nouvelle interface d’OvidSP. La recherche à la Google est désormais baptisée « Recherche intuitive », alors que c’est une conquête de Google sur les usages antérieurs, rien de plus).
  2. le fait que certaines bases m’ont coûté très cher, et que je veux avoir eu raison en les achetant.

Donc repartons du début. Non pas : à quoi doit ressembler une « bonne » base bibliographique. Mais : à quoi elle sert (et à qui) ?

Une base d’articles intervient lorsqu’un chercheur veut trouver une documentation spécifique sur un sujet précis, sortant des connaissances de base dans le domaine qui le concerne.

Cela signifie un premier préliminaire : si un étudiant commence par interroger une base d’articles, Google Scholar ou autre, pour débuter une recherche sur un sujet dont il ignore tout, il est inutile d’argumenter en lui expliquant que telle base est meilleure que telle autre. Simplement, il faut commencer par autre chose que par une base d’articles. Il faut commencer par une encyclopédie, par le chapitre d’un ouvrage, par l’ouvrage entier, par plusieurs ouvrages, par des dossiers documentaires en ligne. Mais pas par des articles.

Les articles visent à répandre une découverte se rajoutant à une masse de connaissances préalable. L’article s’appuie sur ces connaissances préalables, il y fait éventuellement référence (plutôt de façon implicite), mais ne les rappelle pas. L’article est le travail d’un chercheur à destination des autres chercheurs. Les auteurs savent ce que sont censés savoir leurs lecteurs, et en tiennent compte.

Donc pour comparer des bases d’articles, il faut partir du postulat suivant : toute base d’articles doit être adaptée aux besoins spécifiques des chercheurs déjà dans le bain.

Ayant défini le public, quel est son besoin ?

Trouver le plus rapidement possible la documentation la plus pertinente pour une recherche précise. En ayant identifié que cette doc prenait la forme d’articles et en sachant ce que ça signifiat

Google Scholar répond-il a ce besoin ? Et les autres bases ?