Où (en) suis-je ?

Quand je me retourne, je constate que :

• je ne suis plus capable de jouer le solo de Sultans of Swing, en revanche j’encode en XSLT dans le bloc-notes.
• Je ne connais plus aucun poème de Baudelaire par coeur, en revanche mon fils (de deux ans) peut réciter La Cigale et la Fourmi et Le Corbeau et le Renard (il adore déclamer : « Que vous-z-êtes zoliiii ! »).
• Je ne sais plus identifier une monnaie de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons du premier coup d’oeil, en revanche je peux limiter à une heure une réunion de 35 personnes.
• Je n’ai plus écrit aucune nouvelle ni aucun roman depuis des années, mais j’ai dû rédiger au moins trois fois l’équivalent de toute ma production littéraire depuis 10 mois que je tiens ce blog.
• Il y a trois mois, j’ai « perdu » l’administration d’un portail documentaire à 9000 connexions/jour, mais pour compenser je me suis créé un petit blog supplémentaire à 2 connexions/jour.
• Je ne me lève plus frais et dispos à  7h du matin, en revanche j’ai un enfant qui me réveille à 6h50, frais et dispos (lui, pas moi).
• Cela fait bien 6 mois que je n’ai pas relu un romain de Romain Gary, en revanche je relis chaque jour les mêmes blogs, toujours les mêmes blogs, encore les mêmes blogs (et je n’ai même pas envie d’arrêter).
• J’ai laissé tomber le Gradus Philosophique : maintenant, le soir, je lis Twitter !

Et aujourd’hui, je constate que :

• Je n’ai pas vu un lecteur depuis trois mois (en vérité, ça me manque)
• Je n’ai jamais catalogué en Unimarc
• Je n’ai jamais indexé en Rameau
• Je n’ai jamais coté en Dewey
• Je n’ai jamais acheté un seul livre (pour une bibliothèque, bien sûr)
• Je n’ai jamais géré un seul budget (même pas pour moi, je crois)

En conclusion

• Aujourd’hui même, j’ai trente ans et je ne sais toujours rien faire
• personne ne s’en est jamais rendu compte
• tout indique que ça va continuer ainsi encore longtemps

Maintenant, vous savez pourquoi j’adore mon métier !

Ce soir, je pars en vacances pour une semaine. Soyez bien sages !