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Jamais plus je ne pourrai publier sur Biblio-fr

05/06/2009

Dans ce tweet du 25 mai, je me réjouissais : ça y est, j’avais envoyé mon premier message à Biblio-fr pour diffusion.

J’avais tremblé, frémis, avant de valider mon envoi. Et j’avais l’impression d’avoir passé une épreuve initiatique, qui faisait de moi un vrai bibliothécaire…

Bon, je glose, je développe, c’est la nécessité du style : je suis dans l’éloge funèbre. Mais je n’irai pas plus loin.

Toujours est-il que depuis le 25 mai, je l’attendais, la publication de ce message. Las ! La dernière salve de messages date du 13 mai.

Jamais plus je ne pourrai être publié sur Biblio-fr 😦

J’ai aussi le sentiment que la décision pour son animatrice de fermer Biblio-fr est un autre des signes que j’évoquais ici (la veille de l’annonce de la fermeture, j’insiste : je suis prémonitoire et prophétique) : nous sommes dans une phase de réflexion, pour passer de notre découverte et apprivoisement du web à … autre chose.

La suite va être passionnante.

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[précision : contrairement à d’autres, je n’avais jamais cessé de suivre Biblio-fr, pour la simple raison que depuis le début j’étais abonné au fil RSS. La lecture des titres me suffisait : au milieu des annonces diverses, on y découvrait certaines émergences. Je me souviens de l’époque où pour la première fois une bibliothèque avait annoncé avoir créé son univers Netvibes. Puis d’autres s’y sont mises. Puis le signaler, c’était déjà être has-been (en l’espace de quelques mois) et ça s’est arrêté. Rien que pour ça, je voulais continuer à voir passer les messages.]

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PS : que de temps gagné pour les 17.000 lecteurs, temps de travail qui va pouvoir être réinjecté dans les circuits ! On va connaître un boom de l’innovation et la multiplication des services dans les bibliothèques dans les prochains mois ! 🙂

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PS 2 : Bertrand Calenge relève la fin du message d’arrêt de Biblio-fr. Du coup, ce message prend une saveur nouvelle qui dit : « Au début, Biblio-fr était un lieu de débats et d’échanges. Puis c’est devenu un lieu d’informations de service. Donc nous arrêtons Biblio-fr. Mais si vous voulez y publier qqchose pour construire un débat, ce sera tout de même publié ». Ca ressemble presque à : « Nous allons relancer Biblio-fr en refusant toutes les informations de services. »Mais c’est évidemment une lecture tronquée que celle-là 😉

7 commentaires
  1. Yvonnic permalink
    06/06/2009 06:52

    Je viens de me farcir la lecture de tous les messages de remerciement et de regrets eternels suite à l’annonce de l’arrêt de Biblio-Fr.
    Quasi tous affirment que ce media leur a été très utile, notamment pour trouver un emploi. Tous disent que les blogs ne peuvent remplacer cette liste. Mais tous leur donnent finalement raison d’arrêter. On y voit aussi nombre de petits bibliothécaires isolés, pour lesquels la liste représentait un lien « humain », déplorer cette perte de la Maison Commune, jusqu’aux retraités qui regrettent le beau temps des débats pionniers, sans parler des etudiants qui affirmaient y découvrir les arcanes du métier.
    Bref un beau patchwork larmoyant de consommateurs dépouillés de leur supermarché corporatiste.
    Il est de bon ton de remercier les bénévoles quand ils arrêtent de bénévoler, mais il faut neanmoins reconnaitre qu’ils ont laissé cette liste deriver vers un utilitaire qui phagocyta le reste, sans tenter autre chose. Cette fierté de pouvoir se reclamer de 17 000 usagers les a poussés à un élargissement des contenus qui a noyé rapidement les quelques dizaines de vrais débatteurs (qui ont leur blog de toutes façons). Or, bizarrement, peu de réactions déplorent la fin des débats, mais bien davantage la fin des utilitaires, et la fin de la « famille », du sentiment d’appartenance, du cocon; Ils ont donc laissé couler ce paquebot vétuste et ses 17 000 usagers occasionnels. Quelques chaloupes-blogs ont été mises à la mer. Ceux-là ont pu quitter le navire, mais ils savent désormais qu’ils resteront entre eux sur leur île techniciste-élitiste, dans de petites communautés d’interêt, condamnés à ronronner entre eux. Les 17 000 ont definitivement coulé. Ce grand navire était pourtant fait pour eux. Ils n’ont plus rien. Les chefs, les débatteurs, gérant leur petit blog perso, gardent l’illusion de leur perennité (alors que les blogs en friche se multiplient) et croient peut-être pouvoir récupérer quelques morceauxd’usagers. Mais non.
    Ce naufrage n’est qu’ une étape de plus vers la néantisation de cette profession, trop diverses, trop éclatée, trop menacée aussi, fragile, divisée, où chacun navigue à vue dans son propre microcosme local. Aller sur Biblio-Fr c’est comme aller bouffer le gigot à l’ail en famille, aux fêtes, ces grands machins où l’on découvre qu’on mange à côté de quelqu’un qu’on ne connaissait pas vraiment. Point trop n’en faut.
    Non, la disparition de Biblio-Fr n’a rendu personne orphelin.
    Car , de par l’absence de loi sur les bibliothèques, chaque bibliothécaire est déja orphelin de naissance et grandit seul.
    Il m’arrive, comme à tous, dans des débats avec des élus, d’invoquer « la profession » à un titre ou à un autre, pour comprendre aussitôt que je dis n’importe quoi. « La profession » n’existe pas. Et quelques couteaux suisses proposés ici ou là n’y changeront evidemment rien. C’est comme ça.

    « La suite va être passionnante » dites-vous, prophète. Certes, mais il faudra être bien placé pour apprécier. Les strapontins et les fonds de salle ne voient jamais les spectacles de la même façon que les autres.

    Au train où ça va (DLL, Statut, recrutement, formations…) cette profession , telle qu’elle subsiste encore, aura totalement disparu dans moins de 10 ans. C’est pas de la prédiction c’est de l’anticipation.

  2. 06/06/2009 14:58

    @Yvonnic : je serais bien embarrassé pour répondre à ce mail passionnant (j’invite donc d’autres personnes à réagir) mais qui, à mon sens, mélange trop de choses pour pouvoir répondre « je suis d’accord parce que… » ou « je ne suis pas d’accord parce que… ».

    Parlant de la disparition de Biblio-fr et de « la suite », je ne pensais pas à notre métier en général. Je n’ai aucune réflexion pertinente à fournir sur l’avenir de la profession et son éventuel démantèlement, et quand je parle d’avenir, ça ne sera donc (pour l’instant du moins) que sous l’angle de l’appropriation des outils Internet, de leur philosophie, de notre rôle dans cet univers-là.
    Biblio-fr disparaît au moment ou certains glissent déjà le mot bibliolab.
    (je n’annonce pas que l’un va remplacer l’autre, je rappelle simplement que « la profession », ou, si vous préférez, la communauté — des bibliothécaires internautes — continue d’avancer, y compris dans tous les sens, et que la fin de Biblio-fr n’est que la fin de Biblio-fr)

    Je n’ai pas d’amertume particulière sur la disparition progressive des débats sur Biblio-fr. Il me semble que celle-ci est due au moins autant à la masse croissante des « notes de services » qu’à la prise de conscience (parfois inconsciente…) qu’il existait de plus en plus d’alternatives à une liste de diffusion pour avoir une discussion entre collègues sur Internet.

    Ce n’est pas tel ou tel blog qui remplacera Biblio-fr : c’est sans doute les agrégateurs qui nous permettront de suivre ainsi l’actualité professionnelle à travers des dizaines (ou centaines, pour certains) de sites éparpillés.
    La disparition du « coeur » qui faisait battre des milliers de poitrines (Dieu que c’est beau !) est tout fait dans la logique décentralisatrice des réseaux.

    Et je ne critiquerai pas, pour ma part, ceux qui pleurent cette disparition tout en avouant avoir cessé de lire les messages depuis des mois : quand une grand-mère décède à 102 ans, même si son entourage trouve qu’elle gâtifiait et ne « servait » plus à grand chose — il est légitime de rappeler qu’elle a eu une belle et longue vie.
    Il y a là un côté très conventionnel, très protocolaire, mais pas forcément illégitime.

    Enfin, ce n’est pas la disparition de Biblio-fr comme terrain de débats qui favorisera ou empêchera la mutation de nos métiers. C’est pourquoi associer cet épisode à une réflexion sur la DLL, etc. me paraît un raccourci au moins curieux.

  3. Yvonnic permalink
    06/06/2009 23:04

    Vous mettez le doigt sur le problème, signalé d’ailleurs dans beaucoup de messages : la simplicité d’accès. Quand vous dites « “la profession”, ou, si vous préférez, la communauté — des bibliothécaires internautes — continue d’avancer », c’est certain. Sauf que justement, la profession n’est pas constituée majoritairement d’internautes. La facilité de la liste (il suffisait d’ouvrir sa boite mail) en faisait un instrument veritablement accessible à tous. En cela au moins il était unique. Il y a donc bien une profession, de plus en plus diverse et peu désireuse de s’investir dans l’appropriation d’outils complexes et, à côté, une « communauté de bibliothécaires internautes », plus chevronnés et en général déja largement lancés dans l’utilisation des outils (voyez Bibliobsession). Et ceux-là ne sont pas 17 000 et ne le seront jamais.
    Par ailleurs, à tort ou a raison, beaucoup d’abonnés trouvaient un côté représentatif à la liste, quasi-officiel. Il semble qu’il y ait au moins là une attente (j’ai même vu un mail qui appelait l’ABF à réagir !) que nul autre outil ne pourra évidemment remplacer. Certains avouent d’ailleurs qu’ils ne fréquentaient QUE biblio-fr.

    Il ne s’agit donc pas simplement de remplacer un outil par d’autres, certainement plus adaptés en termes de contenus. Il s’agit de proposer un lieu virtuel de représentativité réelle d’une profession. Et là, je ne vois pas…

    A part ça, d’accord avec vous sur le fait qu’il n’est pas opportun de répondre à un billet (d’humeur plus que de fond, je le reconnais) sur le mode d’accord/pas d’accord. En tous cas merci pour votre réponse et votre accueil.

  4. 07/06/2009 08:44

    @Yvonnic : peut-on se résigner à ce que des professionnels de l’information et de la documentation refusent, en terme de maîtrise informatique, d’aller plus loin que la boîte mail ?
    Ces personnes — ces collègues ! — font du service public, rencontrent des lecteurs, représentent auprès d’eux notre profession.
    Je ne doute pas qu’ils continueront d’exister, mais peut-on s’arrêter à cette constatation ? puis-je ne pas dire : « Je ferai tout pour que cette part-là soit la plus réduite possible  » ?

    En terme de compétences internet, tout le monde n’est pas tenu d’être Bibliobsession ! Maîtriser les fils RSS et un agrégateur, c’est tout de même possible pour une population plus large. A preuve : il n’y a qu’un seul Bibliobsession, mais celui-ci a 3000 abonnés. On n’en est pas à 17000, mais tout de même !
    Dans ces 3000, j’ai peine à croire qu’il ne s’y trouve que des biblio-geeks…

  5. Yvonnic permalink
    07/06/2009 20:21

    @Lully
    D’accord pour aller plus loin en termes de maitrise des outils. Et effectivement, quelque part, c’est le simple exercice de leur profession qui y amènera les réticents. On ne supportera pas très longtemps d’avoir l’air plus nuls que nos usagers tout en affichant une volonté d’assurer des missions de conseil etc…Le mouvement est donc en route mais s’accompagne d’une certaine lenteur. D’un autre côté qu’est-ce qui se passe la plupart du temps dans les ‘thèques : un ou deux
    collègues « assurent » et le reste de l’équipe délègue. Faut pas trop se faire d’illusions. C’est mon cas d’ailleurs et ça ne me gène pas de le dire. A chacun de définir son seuil de Peters, je suppose.

    Accessoirement ça amène à une réflexion plus large sur les compétences et les nouvelles missons des ‘thèques : Ce qui est préconisé, dans le principe de Peters, c’est de se maintenir à un poste correspondant à son niveau de compétence maximal . Inquiétant. A quand des recrutements ou des évolutons de carrière basés essentiellement sur ce type de compétences ? Perso, je viens de recruter un animateur multimedia pour assurer dans ce domaine (et également former le reste de l’équipe) et je commence à me poser des questions.
    Les « feignants de la boite mail » (appelons-les comme ça par commodité) sont probablement, pour l’instant, majoritaires, et ne se conçoivent probablement pas pour autant comme des incapables, y compris dans le cadre de la mutation de la profession vers les missions de mediation etc..

    Attention aux querelles de chiffres : les 17000 abonnés de la liste sont (étaient) des pratiquants indéniables de l’ouverture de mails. Les 3000 abonnés de Bibliobsession ne sont pas des pratiquants de ce qu’il y enseigne. A preuve, j’en suis, simple visiteur curieux mais totalement incapable de suivre le truc. (Par ailleurs il soulève aussi des questions interessantes en dehors de la seule technique, et ça vaut toujours le détour). Alors fil RSS d’accord (un clic reste un clic) mais n’allons pas croire que ça fait 3000 pratiquants actifs des contenus signalés. C’est le problème de l’évaluation de la fréquentation des blogs, très différente de celle d’une liste de diffusion voire d’un forum.

    @Biblio-fr encore …
    Effectivement, j’ai remarqué que les « étudiants » « voulant faire leurs devoirs plus vite » étaient stigmatisés comme un des éléments parasites de la Liste. Je ne sais plus si c’était dans le billet de B.Calenge ou dans des mails suite à la fermeture. En tous cas, cette mise à l’index me parait stupide. Profiter des retours d’expérience des uns ou des autres est utile. Les échanges sur les concours, leur déroulement, les notations etc…étaient interessants aussi.

    Je garderai d’ailleurs de la Liste le souvenir de beaucoup d’appels au secours (que j’avais classés dans une rubrique « Help ») sur les prépas, les horaires, les conditions de travail, la nbi, la signalétique, les fournisseurs, les marchés, les contractuels, les poldocs etc…) qui venaient souvent de jeunes collègues un peu paumés. Et je ne compte pas les annonces recherches d’emploi bien sûr (dont un intervenant signalait l’autre jour qu’ailleurs elles étaient souvent payantes !)

    Finalement, il n’était pas si mal, ce grand fourre-tout, notamment pour ces aspects particuliers. Le problème c’est comme avec les sacs à main, tout est dedans mais pour trouver un truc vite fait c’est la galère.

  6. 07/06/2009 20:50

    @Yvonnic : c’est amusant, cette comparaison des chiffres, où nous ne comparons pas les mêmes choses.
    3000 abonnés à Bibliobsession, ça veut simplement dire 3000 personnes capables d’utiliser un agrégateur et des fils RSS.
    De même que 17000 abonnés à Biblio-fr, c’est 17000 personnes capables d’ouvrir un mail.
    Ni plus ni moins.
    Vous attendez des lecteurs de Bibliobsession qu’ils soient au niveau de son auteur, mais pas des abonnés de Biblio-fr qu’ils sachent monter une liste de diffusion ? Parlons bien des mêmes choses : il y a au moins 3000 personnes dans la profession qui sont capables de s’abonner à un fil RSS. Ca fait en moyenne une personne par bibliothèque en France, une personne qui peut/doit former ses collègues.

    Si vous voulez répondre à « Biblio-fr : encore… », je vous invite à lire le billet correspondant et à commenter en-dessous, ça évitera les problèmes de compréhension pour la suite de la conversation ;-). Là, vous répondez un peu à côté de la question que j’évoque dans ledit billet « Biblio-fr : encore…« 

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