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Retour d’expérience sur la mise en place du nouveau site web du SCD de Nice (2/2)

22/02/2013

Cf. billet précédent d’abord.

Donc le rapport de LudoTIC relatif à l’analyse heuristique de la maquette n’était pas vraiment éliminatoire. Mais il accumulait une multitude de petites remarques qui finissaient par mettre à mal ce qui paraissait a priori logique et satisfaisant.

Bref, en juin 2012, on ne sait plus trop comment avancer, comment intégrer toutes les remarques à la fois, par où reprendre.

Là où on en était :

  • les ~20 membres du groupe projet avaient bien intégré ce que devait être théoriquement un site web de BU (les choses à éviter et à privilégier)
  • une maquette avait été faite, sans qu’on puisse la reprendre telle quelle
  • des groupes de travail thématiques mis en place depuis février avaient bien avancé sur la rédaction des contenus initiaux, avec forte délégation à chacun d’entre eux (infos pratiques, pages du PEB, description des ressources, etc.)

D’où une 2e prestation commandée à LudoTIC (septembre 2012), double elle aussi :

  1. un tri de cartes
  2. un maquettage du site web (page d’accueil est pages des rubriques), sur la base
    • du tri de cartes
    • des objectifs que nous leur avions donnés
    • des critères d’ergonomes qui leur sont propres
    • des résultats de l’enquête sur les usages des internautes vis-à-vis du site actuel, et de l’expression de leurs besoins
      Le maquettage n’intégrait absolument pas la charte graphique : il définissait simplement des zones et un mode de navigation.
dendogramme LudoTIC

Dendogramme des cartes proposées, suite au tri de cartes des lecteurs

Le tri de cartes à consisté en ceci :

  • le SCD fournit la liste des contenus qu’il pense mettre sur le site — mais pas les rubriques qu’il pensait utiliser pour les structurer
    Cela a représenté 70 « cartes » environ
  • LudoTIC trouve des lecteurs testeurs de tous profils (étudiants, chercheurs, personnels des bibliothèques) — une quinzaine a suffi pour obtenir des résultats satisfaisants et concordants.
  • Il leur présente des cartes (sous forme de post-its) sur lesquelles sont inscrits les différents contenus envisagés (ainsi que la possibilité de créer de nouvelles cartes si nécessaires)
  • Chaque lecteur regroupe en quelques tas, puis regroupe encore ces tas pour constituer les futures rubriques et sous-rubriques — et il nomme chacun de ces tas et sous-tas

LudoTIC a ensuite entré les différents résultats dans un outil idoine, pour produire une synthèse de l’ensemble (dendrogramme).

Par chance, les différents profils interrogés arrivaient à peu près aux mêmes préconisations (ce qui nous a évité le double portail : étudiants/chercheurs).

Mi-octobre 2012, LudoTIC présentait ses conclusions (arborescence et maquettage). On a passé ensuite deux mois et demi.

maquette heuristique LudoTIC

Remarques globales

Ressources humaines

Je ne l’ai pas détaillé, mais en gros sur la conduite du projet nous étions 3 au niveau central à coordonner l’ensemble des membres du groupe projet — avec différents niveaux d’intervention, à la fois de nature et d’intensité.

Navigation générale sur le site

En regardant en arrière, j’ai l’impression que l’arborescence finale proposée par LudoTIC n’était pas tellement différente de celle que nous avions envisagée. En revanche le mode de navigation, la page d’accueil, permettent un accès beaucoup plus aisé aux contenus qui nous a d’une certaine manière « sauvés ».

Nous n’avions pas de réflexion théorique sur les modes de navigations existants, sur ce qu’il convenait de choisir, etc. Dans son maquettage, LudoTIC nous a indiqué avoir choisi une navigation systématiquement « en entonnoir ». Donc on peut être amené à faire un certain nombre de clics (quoique la profondeur finale du site ne soit pas très grande), mais le comportement global de navigation est très cohérent, donc d’une prise en main rapide.

La page d’accueil

Dans l’enquête du printemps 2012 auprès des usagers, il ressortait clairement que (notamment au regard de notre propre maquette) les internautes n’avaient que faire des actualités de la bibliothèque : ce n’est pas ça qu’ils venaient chercher sur le site.

La première conclusion a donc été de les évacuer, de les reléguer dans un endroit plus discret — mais pour y mettre quoi ?

Et finalement la maquette proposée par LudoTIC a laissé toute la place aux actualités sur la page d’accueil, mais sous la forme d’un carrousel. Pourquoi ? Parce que si ce n’est pas ce que les internautes veulent, ils ne rejettent pas pour autant ce type d’information. Donc cette page d’accueil avec très grande image a pour permettre de laisser le lecteur voir la navigation (les onglets) : l’alternative aurait été de lui proposer sur la page d’accueil, soit une redondance de l’arborescence du site, soit un ensemble de « liens rapides » ou « raccourcis ». Bref, une page avec beaucoup plus trop de liens.

La description des ressources

Cette rubrique Ressources nous a donné du fil à retordre : plusieurs réunions à avoir le sentiment de tourner en rond, de partir d’une proposition pourrie, d’évacuer tout un tas d’autres options, et de revenir à la proposition du départ — qui nous semblait un tout petit peu moins pourrie.

Je ne prétends pas d’ailleurs que nous aillons trouvé l’ultime solution.

ressources - accueil

Pour décrire nos ressources, il y a plusieurs paramètres contradictoires à prendre en compte :

  • La distinction papier/en ligne est dépassée, elle n’est pas pertinente : pour l’utilisateur, il faut lui proposer des ressources documentaires en lien avec ses besoins.
  • La distinction entre ce qui est payé par le SCD et ce qui est disponible en ligne n’est pas plus pertinente : c’est l’adéquation de la ressource au besoin de l’internaute qu’il faut viser. Mais concrètement, ça se traduit comment sur une page « Ressources » ?
  • La documentation électronique a besoin d’une « exposition » particulière, vu qu’il n’est pas possible de circuler dans des rayons virtuels rangés par discipline.
  • La partie purement descriptive n’a que peu d’intérêt et sera rarement lu, mais il est difficile de ne rien fournir (disciplines couvertes par les acquisitions, mode de rangement, etc.)
  • Il y a aussi un paratexte à fournir sur les ressources en ligne : conditions d’accès, mode d’authentification, difficultés techniques possibles, etc.

Nous sommes partis de l’idée qu’il « fallait » produire quelque chose, mais que fondamentalement cette rubrique descriptive ne servirait pas beaucoup : après tout, l’accès aux ressources se fait « naturellement » via l’outil de recherche très visible sur toutes les pages.

Eh bien non : dans les statistiques de consultation des pages du site

Les premiers jours, les pavés cliquables étaient dans un autre ordre :

Dans les rayons Collections remarquables
Ressources en ligne Utiliser les ressources en ligne

C’était donc une structuration « en ligne » : première ligne pour le papier, seconde ligne pour l’électronique.
Les stats nous ont tout de suite montré que c’était le lien « Ressources en ligne » que venaient chercher les internautes. Il fallait donc le mettre en haut à gauche. Comme le pavé « Collections remarquables » fait aussi fonction de valorisation, il n’était pas possible de le mettre en-dessous. Et c’est ainsi qu’on s’est retrouvé sur une structuration en colonne (première colonne : l’électronique ; seconde colonne : le papier).

Conduite du changement, frustrations diverses et méthodologie

L’investissement a été long, et a sollicité pas mal de monde.

Au final, ceux qui ont concrètement pris part au projet — de près ou de loin — représentent environ un tiers du SCD pendant plus d’un an. Donc la mise en place du nouveau site n’a surpris personne. Pour autant, cela ne signifie pas que ces différents acteurs se sont « reconnus » dans le portail, et c’est un aspect instructif du projet.

En effet nous avions décidé de valider la méthodologie « Tri de cartes » avec externalisation de cette technique, et d’assumer ce qui en sortirait (je n’ose dire : « quoi que ce fût », mais c’était à peu près l’idée). Ce qui signifie que les bibliothécaires (moi y compris) ont forcément eu envie d’avoir de meilleures idées que ce qui découlait de la méthodologie.

Cela nous a tout de même sauvé d’avoir validé celle-ci en amont, et d’avoir externalisé la démarche : il y avait ainsi une forme d’engagement à tenir.

De même, sur l’alimentation de chacune des rubriques, les groupes de travail ont été autonomes, la seule intervention du petit groupe de pilotage ayant consisté, lors de la mise en ligne, à questionner la mise en forme, l’homogénéité de la rédaction, la lisibilité de la page, etc. J’ai ainsi vu passer et mis moi-même en ligne des pages que je n’aurais pas rédigées, que je n’avais pas envie d’approuver. Mais comme j’avais estimé que la méthode (d’autonomie des groupes de travail) était la bonne… Je suis très satisfait que les pages aient pu être mises en ligne telles quelles.

Ce qui n’empêche pas que, par nature, à partir du moment où on implique autant de monde, la frustration de chacun est inévitable, à différents niveaux. L’essentiel est d’arriver à en sortir pour constater le résultat global, et apprécier le contentement de ses utilisateurs.

6 commentaires
  1. 22/02/2013 12:50

    Tout d’abord, bravo pour votre nouveau site qui me paraît clair et facile d’utilisation.

    Il y a quelque chose de surprenant, et sauf erreur, c’est la première fois que je constate cela pour un site de BU (en France ou partout ailleurs): il n’y a pas de liste alphabétique des périodiques électroniques. On trouve bien des plateformes d’éditeurs de revues via les accès disciplinaires en ligne (http://bibliotheque.unice.fr/ressources/presentation-des-ressources/ressources-en-ligne) Cependant, cette disposition ne permet pas de signaler les titres individuels.

    J’imagine que le raisonnement appliqué pour supprimer cette liste est du type :
    1) L’outil de découverte permet de signaler toutes nos revues ou tout du moins les métadonnées et/ou le texte intégral des articles issus de ces revues
    2) Le feuilletage par titres de revues est une perte de temps pour l’usager dans sa recherche documentaire
    3) La profusion des revues est une source de complexité en termes d’ergonomie

    Néanmoins, une liste alphabétique remplit une utilité certaine: elle permet de préciser les couvertures chronologiques des abonnements (l’une des questions les plus fréquentes posée par les chercheurs est : pourquoi n’ai-je pas accès à tel numéro alors même que la bibliothèque est abonnée ?).

    Enfin, l’enquête LudoTIC semble mettre au jour une demande des étudiants (« « Pas assez clair, par exemple une liste claire des revues disponibles pour les étudiants » » p. 24) et des enseignants-chercheurs (« valoriser les revues et les bases de données avec des accès plus direct,  » p. 21) d’une mise en valeur et d’un meilleur signalement des revues.

  2. 22/02/2013 14:19

    Je nuance mon précédent commentaire.
    Je m’aperçois qu’il est possible de sortir une liste de revues dans une discipline donnée avec le détail des couvertures chronologiques.

    La démarche me semble cependant un peu complexe :
    1) cliquer sur « recherche avancée » dans l’outil de découverte
    2) spécifier un sujet
    3) dans la liste des résultats, sélectionner la facette « revues »

    Pas simple…

  3. 22/02/2013 17:56

    @Thelonious Moon : je réponds d’abord au premier commentaire
    A titre personnel, j’aurai été simplement favorable à une suppression de l’AtoZ, parce que j’estime que ça n’a d’intérêt que psychologique.
    Mais ce n’est pas mon avis perso qui est entré en ligne de compte (ou pas seulement).
    En fait il y a 2 paramètres :

    1. Notre outil de recherche est Primo, qui ne propose pas de liste A-Z des revues en ligne, et que nous avons très fortement personnalisé pour l’intégrer au site.
      Nous avions par ailleurs un AtoZ d’Ebsco (qui existe toujours, mais « caché »), et qui posait 2 problèmes :

      1. il est beaucoup moins personnalisable, donc nous n’aurions pas réussi à l’intégrer dans le site de manière aussi fluide. Donc on serait resté sur un site distinct, ce qui était précisément ce qu’on voulait éviter
      2. ça aurait rajouté un autre outil de recherche, et il aurait fallu être capable d’expliquer la différence avec l’outil de recherche « global », donc construire un méta-discours envahissant pour qu’il soit satisfaisant (càd conforme à la réalité)
    2. Le second paramètre est justement que dans notre AtoZ d’Ebsco, il n’y a pas que des revues en ligne : il y a aussi des ebooks — mais pas tous — des bases de données, des brevets, etc.
      C’est utile pour nous de les signaler dans l’AtoZ puisque ensuite nous pouvons les reverser dans Primo.
      Mais du coup, ça rend impossible la fourniture d’une interface « Liste des revues en ligne »

    Pour le 2e commentaire : je ne vois pas bien à quoi sert la recherche avancée.
    On peut aller dans l’onglet Chercher et sélectionner le champ Sujet dans lequel lancer une recherche. Mais il était inconcevable, ergonomiquement, de mettre les listes déroulantes de champs dans le formulaire du bandeau.

    Cela dit, de mon point de vue, c’est avant tout une question d’accompagnement au changement et de pédagogie (d’où une actu toute récente sur le sujet, d’ailleurs), car la présence ou l’absence de liste de revues ne change rien en terme de recherche.
    En effet dans l’AtoZ, tout ce qu’on a, c’est la liste des 20-50 premiers titres, la possibilité de cliquer sur A-B-C, etc., et un champ de recherche par mots-clés. Mais cette liste en tant que telle n’est pas exploitable (ce ne sont pas les revues les plus consultées, puisque c’est purement alphabétique).

  4. 23/02/2013 11:36

    Entendu. L’argumentaire est cohérent et convaincant.

    Juste une question au passage ; pourquoi ne pas avoir choisi SFX pour signaler les périodiques, e-books, etc ? Vous auriez eu une base de connaissance commune avec Primo, non ?

  5. 23/02/2013 12:11

    @Thelonious Moon : parce qu’achat d’un AtoZ d’Ebsco et d’un SFX n’est pas le même. Le service est différent aussi, mais en l’occurrence on était juste en train d’implémenter Primo et Aleph, c’était déjà de grosses dépenses. Notre AtoZ maison tombait en ruine et il fallait le remplacer sans trop de frais.
    Ensuite il y a eu le portail, qui nous a bien occupé.
    Le budget 2013 a été extrêmement serré. Donc on en reparle à l’automne prochain pour le budget 2014 !

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