Vers la fin du RSS ?
Davidolib signalait hier que Facebook a l’intention d’interrompre la possibilité d’ajouter des articles par import de flux RSS sur les pages à partir du 31 octobre.
De manière générale, l’interopérabilité de Facebook avec d’autres outils est très orientée. Ainsi, on peut exporter des événements au format iCal, mais je n’ai jamais réussi à y faire entrer un flux d’agenda Google…
Mais tout de même, plusieurs constatations concordent :
- Firefox a retiré son icône RSS de la barre d’URL
pourtant on peut toujours « personnaliser » la barre d’outil pour y remettre cette icône - Twitter a viré le lien « RSS » sur la page d’un profil
pourtant les flux continuent d’exister — juste, il faut les chercher trouver
- Google annonce que Google Reader va disparaître de la barre de navigation depuis Gmail
mais on pourra toujours y accéder en cliquant sur le lien « Encore plus » . Aimablement, Google invite ceux que ça perturberait à se rajouter un favori Google Reader dans leur navigateur… - Récemment, j’ai échoué à trouver sur la page d’accueil du Monde.fr le lien vers la liste de tous les flux. Cette page existe-t-elle encore seulement ? [update : en fait oui – et d’ailleurs cette page n’est pas maintenue… cf. la référence à Firefox 2.0]
Pourtant tous les flux existent toujours
Si j’en crois l’article Wikipedia, le format RSS date de 1999. Personnellement, j’en ai entendu parler en 2004-2005, et à l’époque très peu de bibliothèques diffusaient du RSS ou l’intégrait dans leurs portail. L’obsession (en bibliothèque) de passer au RSS, que ce soit pour diffuser des actualités ou dans l’espoir de le proposer à toute recherche dans le catalogue, daterait de 2006-2011 (c’est encore vrai aujourd’hui).
Il me semble la période glorieuse du RSS n’est pas celle où il était partout et était utilisé par tout le monde, mais celle où on croyait que ce serait bientôt le cas.
Facebook, Twitter, Google, Firefox ont cessé d’y croire.
Le premier signe fut sans doute le fait que Chrome (fin 2008), contrairement à Firefox, Internet Explorer (7) ou Opera, ne propose pas de feuille stylée pour l’affichage d’un flux RSS : « C’est du XML et débrouille-toi avec. Si tu es intéressé par les flux RSS, alors tu es quelqu’un que le XML ne rebute pas ».
Et donc ?
Les flux RSS, pour l’instant, existent toujours. Mais ils sont mis en retrait au profit d’autres informations connexes au contenu.
Aujourd’hui, ce qu’un internaute attend prioritairement sur une page web, ce n’est pas une icône RSS, c’est
Soyons plus honnêtes : les internautes n’ont jamais cherché l’icône . Aujourd’hui, l’actualité est partagée sur Facebook et Twitter, et c’est ainsi qu’ils se tiennent informés.
Quant à nos formations aux bases de données, aux catalogues — le flux RSS d’une recherche Pubmed… Je sais qu’en formation, il y a toujours des étudiants pour s’illuminer à cette découverte. Mais les autres assurent que, de toute façon, quand quelque chose d’important ou d’intéressant est publié, ils en sont informés par les collègues, par les bruits de couloir (la curation et la recommandation existent aussi IRL), par les quelques revues qu’ils lisent ou parcourent systématiquement.
Le RSS n’est pas pour eux, et son invisibilité croissante ne va pas y aider.
Vers une fin du RSS grand public
Le RSS n’a jamais été « grand public ». Ce qui est (presque) nouveau, c’est qu’on y renonce, apparemment définitivement, après 12 ans de succès très mitigé.
En revanche le RSS reste tout à fait pertinent pour certaines communautés d’utilisateurs — dont, naturellement, les professionnels de l’information :
- d’abord parce qu’on aime que les choses soient bien faites. Il y a quelques années encore, on formait proprement nos étudiants à faire une belle recherche documentaire méthodique.
Aujourd’hui, on a envie de faire une belle veille systématique, et de ne pas dépendre d’aléatoires bruits de couloir. - ensuite parce que nous sommes obligés de nous tenir au courant de l’actualité de communautés dont nous ne faisons pas toujours partie : communauté des chercheur, collectivité locale (oui, on en fait partie — mais parfois ils l’oublient, eux).
En terme d’outil, quid de Google Reader ou Netvibes ? Google Reader ne va plus être mis en avant comme un outil tous publics (comme c’est le cas de Gmail, Google Docs). Mais Google développe de nombreux outils destinés aux développeurs : vous ne trouverez jamais dans la navbar Google un lien vers les Google Charts Tools, si utiles pourtant.
Cela ne signifie pas forcément la fin du RSS et la fin de tout : les cartes heuristiques n’intéressent potentiellement qu’une petite portion des internautes (et oui, on aimerait tant que ce soit pris en main par un beaucoup plus grand nombre), de même que Pearltrees. Ça n’empêche pas les outils de continuer d’exister.
Je veux donc par principe être optimiste, et croire que la disparition de Google Reader depuis la navbar Google va permettre un repositionnement clair sur son avenir, et relancer les développements de fonctionnalités (un peu gelés depuis pas mal de temps, ce qui n’est pas sans évoquer la longue immobilité de Bloglines, déserté) vers un public enfin mieux défini. On peut aussi croire à l’émergence d’autres outils novateurs, exploitant mieux les possibilités des RSS tout en ayant une démarche plus avancée que celle permise par des outils de type « grand public ».
De même, n’espérons pas que les flux Twitter réapparaissent dans l’interface. Par contre il faut être conscient qu’à partir du moment où les RSS vous semblent un outil utile, vous allez devoir vous battre pour les dénicher, voire les bricoler vous-mêmes.
Bienvenue au club !
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Commentaires fermés
La fin du RSS, ça veut dire la fin d’un système d’échange de nouvelles libre, ouvert et basé sur des standards, au profit de systèmes propriétaires (twitter et FB). Pas très bon signe ça quand même.
C’est le système le plus puissant de veille et d’information, celui qui permet de surveiller un très grand nombre de sites efficacement. Il est vrai qu’il est moins aisé à utiliser que Facebook, mais il n’a rien à voir ; même Twitter est moins performant !
Je ne sais pas pourquoi Firefox a changé, mais leur mise à jour continue avec changement de fonctionnalité devient horripilant…
Pour Google, c’est la place qui manque avec l’apparition de Google+. Pourtant, Google a fait une avancée déterminante pour l’efficacité des flux en proposant l’affichage par liste, l’on est plus obligé de faire défiler les flux des sites où ceux-ci ne sont pas raccourcis, chaque flux occupant maintenant une seule ligne.
Il nous faut encore et toujours évangéliser les masses, présenter les avantages et la puissance de ce type de consultation.
Un format sans doute trop ouvert et qui ne soumet pas suffisamment l’usager. Pour moi le RSS était la possibilité d’un vrai web2.0, une possibilité de créer des applications aussi.
En se recentrant sur des applications, sur des modes de communication fermés, sur la captation de l’audience, sur de la comm contrôlée (avec des newsletters et autres spams), le web actuel est en train de régresser.
Je me suis interrogée comme toi sur les flux RSS en faisant le bilan des formations de l’année écoulée. A chaque formation flux RSS, les collègues repartent en disant que c’est très bien et personne n’utilise ensuite d’agrégateur… C’est dommage, je persiste à penser que c’est une technologie indispensable pour nous. Cela dit, je m’interroge franchement sur l’utilité de proposer à nouveau des formations l’an prochain.
Ils sont venus trop tôt ou trop tard, les flux RSS, un peu comme le clavier ZHJAY, et c’est bien dommage !
Sauf qu’ici…
https://chrome.google.com/webstore?category=ext%2F15-by-google
L’extension rss pour chrome a plus d’utilisateur que l’extension pour gmail.
RSS disparaitra apres gmail, pas pour demain donc
@Olivier : nous sommes d’accord.
Du moins : nous sommes d’accord pour estimer que RSS ne disparaîtra pas (enfin, pas dans les prochaines années…)
Du nombre de téléchargements (qui est effectivement un indicateur intéressant, notamment sur ce qui est jugé frustrant dans les fonctionnalités par défaut de Chrome), j’espère que vous ne tirez pas la conclusion que Google Reader est plus utilisé que Gmail ?
Quoique n’ayant pas de stats moi-même des comptes actifs chez l’un et l’autre de ces outils, j’aurais du mal à le croire.
Plusieurs interprétations possibles :
1. Gmail a de sérieux et nombreux concurrents. Google Reader n’en a qu’un (en tout cas en France) : Netvibes.
2. les internautes qui font la démarche d’installer des extensions sont plus susceptibles d’utiliser les RSS que la moyenne : ça relève d’une démarche de personnalisation de son espace web.
3. Pour envoyer un mail, on va sur sa messagerie. Pour agréger un contenu, on apprécie d’avoir une extension permettant d’ajouter un flux trouvé par hasard en un seul clic.
Toujours est-il que, oui, les utilisateurs de RSS sont nombreux. Parce que la population technophile, les professionnels de l’information et ceux qui, plus généralement, ont réellement et consciemment (consciencieusement ?) besoin de la maîtriser, est effectivement nombreuse. De là à dire qu’elle se confond avec le grand public (vous savez, ce 5e pays en population que constitue Facebook), il y a un sacré pas à faire. Les principaux acteurs de l’internet ont manifestement renoncé à le franchir.
Et ne croyez pas que ce constat me réjouisse ! C’est une vraie régression. Mais c’est aussi une vraie constatation.
Les conservateurs du patrimoine affectés au ministère de la Culture ne peuvent utiliser que les flux RSS : l’accès internet aux réseaux sociaux est verrouillé. Donc si les RSS disparaissent, ils n’auront plus ces infos par RSS bien pratiques….
Le RSS se meurt? Il y a les sites eux même qui ne s’aident pas: combien de liens tronqués dois-je rencontrer avant de perdre patience? Dans mon reader, je dois continuellement me rediriger vers le site d’origine pour poursuivre la lecture. On est rendu là… À devoir bookmarker les sites et aller les voir un par un….Il sera où l’intérêt du RSS?
Je trouve moi aussi que c’est triste..
J’espère que le RSS ne disparaîtra pas, je l’utilise depuis de nombreuses années, et j’aurai vraiment du mal à trouver une autre solution pour suivre les nombreux sites/blogs auxquels je suis abonné…
@ Etienne Cavalié, Personnellement je n’utilise ni Google Reader, ni Netvibes mais l’agrégateur RSS intégré au navigateur Opera. Qui est peut-être moins complet qu’un Netvibes ou Google Reader mais qui me suffit amplement. De plus c’est directement en natif dans le navigateur donc c’est un plus.
Le RSS ne mourra pas, ou pas tout de suite en tous cas. Et je ne l’espère pas. Auprès du grand public, c’est peu connu, en tous cas si j’en parle dans mon entourage personne sait ce que c’est. Il faut dire que tout le monde ne suis pas de sites non plus. Ce qui est regrettable car extrêmement pratique.
À l’heure actuelle je n’imagine même pas suivre des sites sans leur(s) flux RSS.
Le flux RSS disparaîtra peut-être au fil du temps ou du moins il faudra aller chercher de soi-même et bidouiller pour y avoir accès, comme dit dans l’article.
Toujours est-il que je trouve ça rudement pratique pour avoir accès à tous ces sites à portée de quelques cliques.
Bonjour,
juste un petit commentaire pour dire que je viens de tomber sur ce post et donc sur ce blog grace a l’application de sebsauvage, shaarli, dont les posts eux meme sont dans mon aggregateur de flux RSS sur Google Reader. Je vais donc ajouter ce blog a ma liste de sites a suivre. 🙂
Comme tout outil, une fois maitrises les flux RSS deviennent un outil indispensable et surtout difficilement remplacable. Et comme tout outil utile, il faut avoir conscience de sa disponibilite pour s’en servir …
Je ne regrette pas forcement la disparition du bouton RSS dans firefox, ce que j’aimerais en revanche, c’est de pouvoir trouver facilement les URLs des flux en eux meme sur une page, le bouton/la fonction integree au navigateur faisant seulement ce travail a ma place.
J’apporte ma contribution au débat : j’utilise un aggrégateur RSS (http://www.feedlooks.com/) qui ne fait pas partie des plus connus. Malgré les fonctions intéressantes qu’il propose, comme un indicateur « maison » de la popularité des posts, le gestionnaire du site a cherché en vain un repreneur pendant les derniers mois et se dit à présent contraint de le fermer.
Un signe de plus que la tendance n’est pas aux flux RSS et qu’il est difficile de trouver un modèle commercial pour ce type de contenu.
Bonjour,
On parle ici de la fin des flux RSS côté récepteur/utilisateur, qu’en est-il du côté émetteur/producteur ? Pour balancer de l’information sur twitter venant d’un site ou d’un blog, il faut bien produire un flux rss. Observez-vous aussi une contraction de ce côté-là ? Et ce serait remplacé par quoi ?
Comme beaucoup d’utilisateur j’ai été très très séduit par l’utilisation des agrégateurs puis après j’ai abandonné petit à petit car rien que le fait de toujours devoir me connecter m’exaspérer.
Maintenant Google Reader a fermé oui, mais peut-on réellement parler de fin des rss, je ne pense pas en sachant que des sites de diffusion en temps réel les utilisent.