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Gérer une base de signets (1/4)

20/04/2009

Ce premier article d’une série de quatre ne vise pas à proposer une solution technique (pour une fois !) à la gestion d’une base de signets, mais plutôt à donner un ensemble de principes qui relèvent plus de la politique documentaire.

La politique documentaire, je l’avoue,  n’est pas vraiment mon rayon, mais comme j’ai eu la responsabilité d’un groupe de « Gestionnaires de signets » à l’UPMC, j’ai eu l’obligation d’apporter des réponses à un certain nombre de questions.

Principes de base :

  • Une base de signets est différente d’une liste de sites sur une page web (ou plusieurs pages web)
  • Elle ne servira pas souvent si on ne la met pas dans un moteur de recherche commun
  • Elle doit faire l’objet d’une politique documentaire, en définissant par exemple si doivent/peuvent être signalés :
    • des sites « de référence »
    • de petits sites
    • des sites événementiels
  • Comment définir sa base de signets dans le paysage national, voire international : comment exploiter ceux du Cerimes-Abes, ceux de la BnF, etc.

Principe 1 : Une base de signets est différente d’une liste de sites sur une page web (ou plusieurs pages web)

Une base de signets est n’existe pour l’usager que comme une liste de résultats obtenue suite à une requête. Cela signifie par exemple qu’il ignorera a priori la logique de la base (complétude, domaines couverts, etc.).

Il est déjà passé par Google avant : il faut donc que votre site ait une raison d’être là en complément de Google, par exemple pour l’une ou plusieurs des raisons ci-dessous :

  • il est incontournable, et ne pas le mettre dans votre base serait ridicule
    Attention toutefois à cette logique : sur une page web listant des moteurs de recherche web, ne pas mettre Google serait compris comme étant de l’anti-googlisme primaire. En revanche créer une notice pour Google dans une base de signets serait inutile. Même chose pour des sites auxquel l’usager penserait sans vous : Pôle Emploi, SNCF, etc.
  • vous le « validez » comme ayant un contenu scientifique adapté aux besoins de vos usagers
  • il propose des outils particulièrement intéressants, difficiles à repérer en passant par Google ou même une fois sur le site (donc il faut décrire ces outils)
    Par exemple Google Maps peut avoir sa place dans une base de signets, même si vous supposez que votre lecteur connaît déjà son existence. Mais vous pouvez lui en « révéler » des usages intéressants auxquels il n’aurait pas pensé, par exemple en terme de collaboration autour d’informations géolocalisées.
    Idem, vous pouvez indiquer le site du CNRS en précisant pourquoi vous le mettez (donc il vous faut une raison)

J’ai tendance à préférer le langage naturel pour décrire les sites web (pour être plus clair : à éviter le Rameau), mais je ne vais pas me lancer dans un débat là-dessus. Cela dit, une double indexation est intéressante : indexation sujet (fine, redondante) et une classification, permettant un autre mode d’accès ressemblant plus à une promenade dans les rayons.

La description du signet doit utiliser les termes qu’utiliserait l’internaute s’il cherchait ce genre de sites, pour la raison que vous avez imaginé. Par exemple s’il cherche des sites d’actualités scientifiques, ou des blogs de philosophes, il faudrait que « philosophe » apparaisse dans la notice aussi bien que « philosophie », et le mot « blog » devrait y être. Si possible, trouvez un moyen systématique pour faire savoir que tel site a un fil RSS (cela dit, de moins en moins de sites n’en proposent pas, donc je me demande si cette consigne est toujours pertinente).

La classification envisagée, si elle permet une navigation spécifique dans la base, doit être pragmatique : elle peut s’appuyer sur une classification existante, mais en évitant les rubriques vides (parce que sur un sujet donné, il existe des bouquins donc le thème est présent dans la Dewey, mais aucun site web) et les rubriques surpeuplées. Cela dit, une telle situation (des vides et des pleins) peut entraîner une réflexion sur la politique documentaire autour de la collection (cf. 2e billet, à venir).

Principe 2 : un moteur de recherche commun

Je précise d’abord deux choses :

  1. qu’une bibliothèque dispose de signets me semble une évidence : nous revenons toujours aux mêmes sites, nous avons besoin d’en recommander en appui à nos affirmations, et pour éviter d’avoir à tout réécrire. Par exemple pour un tutoriel à telle ou telle base de données, soit je trouve ce tutoriel en ligne et je l’indique dans mes signets, soit je suis obligé de le rédiger moi-même.
  2. Une base de signets est beaucoup plus facile à entretenir, mettre à jour, etc. — bref à rester pertinente — qu’un ensemble de pages où se perdra l’internaute.

Donc dans ce contexte la base de signets est entourée de ressources plus visibles qu’elle, essentiellement :

  1. le catalogue des collections imprimées (pardon : physiques, car il y a les CD-ROM, les DVD, etc.)
  2. la liste A-Z des revues en ligne
  3. le site web

Il me semble évident qu’il faut viser à avoir un moteur de recherche commun pour toutes ces ressources :

  • pour l’internaute, il est incompréhensible d’avoir d’un côté le Web of Science, moteur payant (donc liste A-Z), et de l ‘autre OAIster, Scitopia ou Google Scholar.
  • les signets référençant des tutoriels viennent en appui des tutoriels présents sur le site, donc une recherche commune site-signets est utile.
  • si l’internaute cherche Pascal (la base de données), lui proposer à la fois une notice de la base avec URL, et un renvoi vers un tutoriel en ligne, c’est un service intéressant.
  • l’internaute ne pensera pas que la bibliothèque peut lui recommander des sites, et ne viendra jamais exploiter la belle base de signets qu’on a faite pour lui. Donc tout ce travail perdu…

Sur ce dernier point, on peut aussi considérer que la base de signets est une commodité avant tout interne (notamment trouver une info rapidement en salle de lecture quand un étudiant chimiste vient vous chercher des noises, et que vous ignorez ce qu’on peut trouver sur le web dans son domaine), et que toute consultation par l’internaute est du « bonus ». Il faut alors y consacrer un temps de travail moindre, évidemment.

Une collection comme une autre

On voit déjà se dessiner un principe : la base de signets est une collection comme une autre, qui doit faire l’objet d’une réflexion autour de son contenu, d’une perception cohérente — et notamment d’une personne qui en aura une vision synthétique d’ensemble, au-dessus des responsables de son enrichissement.

Voici les 3 autres billets prévus :

  1. Gérer une base de signets (2/4) : grosso modo, ce devrait être la notion de politique documentaire
  2. Gérer une base de signets (3/4) : quels outils le webmaster doit-il espérer pouvoir fournir aux personnes qui gèrent les signets (car la gestion en est généralement décentralisée) ? càd quelles extractions de données, stats, etc.
  3. Gérer une base de signets (4/4) : quels outils (logiciels) pour tout ça ?

Pas de calendrier pour le moment…

7 commentaires
  1. Thérèse PRECIGOUT permalink
    27/04/2009 14:25

    Merci pour ces articles très intéressants et pour la suite, même s’il faut attendre…………

  2. 27/04/2009 17:02

    Oui, je suis désolé : j’ai plusieurs séries en cours, et je ne sais à laquelle donner la priorité (not. Yahoo Pipes ou les signets).
    Je fais au mieux et au plus vite, promis !

  3. 29/04/2009 00:11

    Merci beaucoup, pendant longtemps j’ai cherché des informations sur ce sujet, étant moi-même chargé de réaliser une base de signets (ou base des ressources électroniques). Je profite donc de ce billet pour évoquer notre expérience :

    Dans un premier temps, il a fallu définir le périmètre de l’outil, nous avons pris le parti de ne pas séparer ressources sur abonnement et ressources en accès libre.
    Ce choix a bien sûr été difficile à entériner… Un compromis a été trouvé en mettant en place un accès direct à des ressources considérées comme essentielles depuis la page « documentation électronique ».
    http://bibli.ec-lyon.fr/ressourcesElec/ressourcesElec.php

    Pour l’indexation, nous avons opté pour une approche usager plutôt que bibliothéconomique : une simple description, un type et une thématique.
    Une signalétique permet de distinguer les différents accès possibles (adresses ip, accès libre, vpn, CAS…).

    Il était également important pour nous de ne pas dissocier cet outil des autres services, c’est pourquoi nous l’avons interconnecté à notre base de formations.
    Ce système permet d’accrocher un support de formation à une ressource, et de l’autre côté, des ressources à une formation.
    Ainsi, quand l’usager navigue dans la base des ressources, il peut accéder aux supports et être informé des prochaines formations (http://bibli.ec-lyon.fr/ressourcesElec/type.php?id_type=31)

    Un moteur de recherche (simple) interroge toutes les ressources (intitulé, description, thème et type) auquel s’ajoute un google coop pour pouvoir rechercher à l’intérieur de ces dernières (faute d’avoir une recherche fédérée, ce qui pose tout de même certains problèmes pour les ressources payantes…). Nous avons également mis à disposition un flux RSS pour les dernières ressources rentrées dans la base. Pour les statistiques, un simple compteur de clics sur les ressources et supports.

    L’administration et l’actualisation restent correctes , comme delicious, lors de la saisie d’une nouvelle ressource, il suffit de rentrer l’url pour récupérer les balises META du site en question.
    D’autre part, un module permet d’alerter sur d’éventuelles erreurs 404.

    Le tout a été développé en local, avec peu de moyens (couple PHP, MYSQL). Cet outil n’est pas parfait (on peut imaginer des connecteurs delicious, slideshare, d’accrocher aux thématiques des personnes référentes avec un service de référence virtuelle, etc…), toutefois, par rapport aux anciennes pages statiques, il a offert une meilleure accessibilité et visibilité à nos ressources et à nos activités (formations).

    Puis, j’ai découvert SubjectsPlus (http://ithacalibrary.com/subsplus/) mais peut-être que cet outil sera abordé dans les billets suivants…

    Pardon encore pour ce retour d’expérience un peu long, en espérant qu’il pourra aider quelques collègues…

  4. 29/04/2009 10:33

    Au contraire ! Merci beaucoup !
    Cela me permet aussi d’insister sur mes propres billets : ce ne sont que des retours d’expériences, pas de leçons à proprement parler.
    Bon, évidemment, je suis du coup un peu pris de court par rapport aux sujets des prochains billets. Mais comme certains les attendent, ces prochains billets (promis, je ne ferai plus d’effet d’annonce !), puisse ce commentaire les rassasier !

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